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Initialement, de 1950 à 1954, la réception de la cybernétique en Union soviétique fut exclusivement négative. Le Département soviétique pour l'Agitation et la Propagande avait appelé à intensifier l'anti-américanisme dans les médias soviétiques, et, dans une tentative de remplir les quotas du Département, les journalistes soviétiques se sont emparés de la cybernétique comme d'une « pseudoscience réactionnaire » états-unienne à dénoncer et à ridiculiser. Cette attaque fut interprétée comme le signe d'une attitude officielle envers la cybernétique ; ainsi, sous la direction de Joseph Staline, celle-ci fut présentée comme « une incarnation parfaite de l'idéologie impérialiste » par les écrivains soviétiques. Après la mort de Staline, les réformes étendues mises en place sous la direction de Nikita Khrouchtchev permirent à la cybernétique de se légitimer en tant que « science sérieuse et importante », et en 1955, des articles sur la cybernétique furent publiés dans l'organe philosophique d'État, Voprosy Filosofii, après qu'un groupe de scientifiques soviétiques eut réalisé le potentiel de cette nouvelle science.
La cybernétique commença à servir de terme générique pour des domaines de la science soviétique tels que la linguistique structurale et la génétique. Sous la direction de l'académicien Aksel Berg, le Conseil de cybernétique fut créé, une organisation faîtière dédiée à fournir un financement à ces nouvelles lumières de la science soviétique. Dans les années 1960, cette légitimation rapide mit la cybernétique à la mode, car « cybernétique » devint un mot à la mode parmi les scientifiques soucieux de leur carrière. Dans les années 1980, la cybernétique avait perdu de sa pertinence dans la culture scientifique soviétique, car sa terminologie et sa fonction politique furent remplacées par celles de l'informatique en Union soviétique, puis, finalement, dans les États post-soviétiques.