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Pouvoir double

De ProleWiki

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Le double pouvoir désigne un phénomène particulier lors de la révolution de 1917 en Russie qui consistait en la coexistence de deux gouvernements : « à côté du gouvernement provisoire, gouvernement de la bourgeoisie, un autre gouvernement encore faible, embryonnaire, mais existant et grandissant sans aucun doute, prit forme : les Soviets des députés des ouvriers et des soldats. »[1]

Né dans les premiers jours de la Révolution de février (12 mars), le Soviet de Petrograd des députés des ouvriers, s'appuyant sur la vaste majorité du peuple, sur le prolétariat et la paysannerie vêtue de manteaux militaires, qui était le véritable pouvoir pendant cette période, se trouva confronté à un nouveau prétendant au pouvoir : le Comité exécutif provisoire bourgeois de la Douma d'État, formé le même jour et cherchant à prendre le pouvoir dans le pays entre leurs mains. Ainsi, en Russie, se forma un mouvement : un gouvernement bourgeois qui cherchait à retarder le cours de la révolution et à établir un ordre bourgeois dans le pays, et un gouvernement révolutionnaire – le Soviet des députés des ouvriers. Mais malgré le fait que le véritable pouvoir était derrière le Soviet, ce dernier, sous le contrôle de leurs dirigeants petits-bourgeois, entra dans un accord avec le Comité exécutif provisoire de la Douma d'État et transféra le pouvoir effectif dans le pays au Gouvernement provisoire formé le 15 mars. Pour contrôler le gouvernement fidèle et pour établir une communication permanente avec lui – le Comité exécutif du Soviet de Petrograd – une Commission de contact fut formée, composée de Skobelev, Stekloi, Sukhanov, Chkheidze et l'officier Filippovsky (S-R).

Cette Commission de contact, que Lénine considérait comme un produit typique du compromis petit-bourgeois, s'avéra être une institution avortée et ne mena à aucun résultat. Dans les provinces, le même double pouvoir fut établi : d'une part, le pouvoir des commissaires du Gouvernement provisoire, des gouvernements municipaux et zemstvos, des comités civiques généraux, etc., et d'autre part, le pouvoir des Soviets locaux. Le degré d'utilisation réelle du pouvoir par les Soviets locaux était très divers : dans les grands centres industriels, les Soviets possédaient effectivement le pouvoir complet, dans les petits, ils se transformaient parfois en un appendice insignifiant des organes bourgeois du pouvoir. « Il existe côte à côte, ensemble, en même temps, le règne de la bourgeoisie (le gouvernement de Lvov et Guchkov), et la dictature démocratique révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie, cédant volontairement le pouvoir à la bourgeoisie, se transformant volontairement en son appendice. »[2] L'organisation insuffisante et la conscience des masses, ainsi que la politique conciliatrice des partis mensheviks et socialistes-révolutionnaires petits-bourgeois à la tête des Soviets, conduisirent au fait qu'en juillet 1917, en essence, l'autocratie de la bourgeoisie fut créée en Russie. « Le double pouvoir est terminé... Le pouvoir est passé de manière décisive entre les mains de la [[Contre-révolution|contre-révolution] », écrivit Lénine après les journées de juillet. Le double pouvoir, qui s'était rétabli après le kornilovisme, était déjà de nature différente : le Soviet de Petrograd, qui était passé sous le contrôle des bolcheviks, se transformait en centre organisationnel du prolétariat et de la paysannerie sous sa direction, qui luttait pour le pouvoir et s'opposait en tant que pouvoir au gouvernement provisoire bourgeois, qui fut finalement liquidé par la Révolution d'Octobre.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Vladimir Lenin (1917). Le double pouvoir. Progress Publishers. [MIA]
  2. Vladimir Lenin (1917). Lettres sur la tactique: 'Première lettre Évaluation de la situation actuelle'. Moscou: Progress Publishers. [MIA]