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Lavage de cerveau

De ProleWiki

Le lavage de cerveau est un terme orientaliste inventé par la CIA pour discréditer les soldats dissidents pendant l'invasion de la Corée par les États-Unis en 1950. Les soldats ayant déserté pour rejoindre l'Armée populaire de libération ou l'Armée populaire coréenne étaient accusés d'avoir été convertis contre leur gré, les poussant à sympathiser avec l'ennemi, voire à combattre pour lui. Ce terme souligne clairement que leurs nouvelles convictions ne leur appartenaient pas, mais qu'ils s'étaient laissés influencer artificiellement. Cette pratique, entièrement inventée de toutes pièces, servait un double objectif : maintenir un soutien élevé à la guerre en présentant les déserteurs comme des « brebis galeuses », et décourager de nouvelles défections.

En réalité, les soldats ayant déserté les forces états-uniennes pour rejoindre les forces chinoises ou coréennes avaient leurs raisons, la principale étant qu'ils ne voyaient pas l'utilité de se battre pour des intérêts bourgeois si loin de chez eux. À l'époque, les États-Unis pratiquaient encore la ségrégation, et certains de ces soldats trouvaient plus de points communs avec leurs geôliers qu'avec leur prétendue patrie.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

« Nous restons pour la paix », photo montrant quelques soldats états-uniens ayant déserté et décidé de rester en RPDC après la guerre.

Le journaliste Edward Hunter fut le premier à utiliser le terme lavage de cerveau dans les médias. Son article de septembre 1950 dans le Miami Daily News, intitulé Les tactiques de lavage de cerveau forcent les Chinois à rejoindre les rangs du Parti communiste, inventa le terme xi nao (littéralement « laver le cerveau » en chinois) pour expliquer pourquoi le Parti communiste chinois bénéficiait d'un soutien populaire et était présent en Corée. Il fut également le premier à suggérer qu'il était possible de « reprogrammer » quelqu'un si profondément qu'il croirait n'importe quoi.[1]

L'époque et le contexte dans lesquels ce terme fut créé n'étaient bien sûr pas anodins, et l'article de Hunter aida à propager des récits anticommunistes de « péril jaune » sur la Chine. Le lavage de cerveau était une pratique secrète, utilisant des techniques ancestrales auxquelles seuls les Chinois mystérieux avaient accès — contrairement aux Américains, libres de croire ce qu'ils veulent et prenant toujours les bonnes décisions de leur plein gré. On découvrit plus tard qu'Hunter était un agent de la CIA, et que son article n'était qu'un élément parmi une longue liste de tentatives de changement de régime soutenues par les médias bourgeois, mais les dégâts étaient déjà faits.

À cette époque, les États-Unis avaient déjà envahi la République populaire démocratique de Corée pour protéger leur État fantoche au sud, la République de Corée. Au fur et à mesure que la guerre progressait et que des soldats étaient capturés, beaucoup défiaient les croyances états-uniennes en prenant position contre la guerre. Sur les 7 200 prisonniers de guerre capturés par la RPDC et ses alliés, 5 000 signèrent une pétition demandant au gouvernement états-unien de mettre fin à la guerre. Vingt-et-un soldats refusèrent la rapatriation après la guerre et restèrent en RPDC, certains apparaissant même dans des films. Cette dissidence au sein de leurs propres rangs ébranla l'opinion publique états-unienne ainsi que les autres soldats, et le concept de lavage de cerveau fut alors popularisé pour expliquer comment ils avaient pu être « corrompus » par le communisme. Les médias les discréditaient en les présentant comme ayant un QI bas, étant alcooliques ou atteints de MST pour justifier leur prétendu endoctrinement en faveur du communisme. Ces attaques éhontées servaient également à maintenir un soutien élevé à la guerre en s'en prenant à quiconque osait ne pas suivre la ligne du département d'État. Deux des non-rapatriés retournèrent aux États-Unis pendant les négociations d'armistice de 90 jours et furent immédiatement traduits en cour martiale, condamnés à cinq et dix ans de prison.

Les États-Unis propagèrent également l'idée que ces soldats avaient été torturés à un point tel qu'ils avouaient tout ce que leurs geôliers exigeaient, mais ces accusations sont démenties par l'APL et l'APC, qui affirment n'avoir jamais utilisé de méthodes de torture sur les prisonniers de guerre.

En réalité, les États-Unis accusaient une fois de plus un ennemi de faire ce qu'ils faisaient eux-mêmes. En 1953, la même année où l'armistice entre la RPDC et son voisin occupé fut signé, la CIA lança le projet MK Ultra, qui aboutit à de nombreuses expériences contraires à l'éthique et illégales.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Lorraine Boissoneault (2017-05-22). "L'Histoire vraie du lavage de cerveau et comment il a façonné l'Amérique" Smithsonian Magazine. Archivé depuis l'original.